Article sur le traumatisme, partagé par Anne-Marie Taillé, spécialiste en post trauma

DOSSIER THÉMATIQUE 06 MARS 2020 Santé publique france
Quelles sont les conséquences psychologiques d’une exposition à un événement…
Texte rédigé par le Pr Thierry Baubet, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CESP Inserm 1178, Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité, EA 4403 (UTRPP), Service de Psychopathologie de l’enfant, de l’adolescent, psychiatrie générale et addictologie spécialisée, Hôpital Avicenne
Qu’est-ce qu’un traumatisme psychique ?

Le traumatisme psychique est l’effet sur le psychisme de certains événements qui vont entraîner une « blessure » du psychisme.

Quels sont les événements qui peuvent être traumatogènes ?

Seuls certains événements peuvent produire un tel effet : ceux qui confrontent brutalement à la mort ou à une menace de mort ou de blessure, ainsi que les violences sexuelles. Le traumatisme psychique concerne donc essentiellement les personnes qui ont vécu directement l’événement : les victimes directement menacées, mais aussi tous les témoins directs de la scène. On considère actuellement que le fait d’avoir une personne très proche qui a été blessée ou tuée dans un tel événement, ou bien le fait, pour un professionnel, d’être exposé de manière répétée à des détails difficiles, peut également causer un traumatisme.
Dans les autres cas, par exemple pour les personnes qui n’ont pas assisté à l’événement, on ne parle pas de traumatisme psychique : il peut y avoir tout de même des conséquences psychologiques (comme des troubles de l’adaptation), mais pas d’état de stress post-traumatique.
Un traumatisme psychique peut survenir à tout âge, y compris chez l’enfant, même jeune.

Comment décrire l’expérience traumatique ?

Le vécu de l’instant traumatique est variable mais très souvent les personnes décrivent une réaction d’effroi qui les a saisis, quelque chose qui est au-delà de la peur : « C’était comme un blanc », « J’ai vu la mort en face », « Je me suis vu mort ». Il n’y a pas de mot pour décrire ce sentiment incommunicable qui fait irruption dans le psychisme, et qui est souvent suivi par des émotions violentes (solitude, abandon, horreur, angoisse, colère, impuissance, sentiment de culpabilité…). Chez certaines personnes une dissociation peut apparaître, elle constitue alors un mode de protection du psychisme face à l’effroi. D’autres symptômes peuvent apparaître le premier jour ou le premier mois. Cette expérience de l’effroi est au cœur des troubles post-traumatiques, puisque dans ce cas, c’est ce vécu de l’instant traumatique qui va revenir sans cesse (dans les pensées, les cauchemars traumatiques), comme si la menace était toujours là.

Quels destins pour ces « blessures invisibles » ?

Comme toutes les blessures, ces « blessures invisibles » peuvent avoir des destins variables. Chez de nombreuses personnes, elles vont occasionner une souffrance durant quelques jours ou quelques semaines, avant de s’atténuer. Chez d’autres elles vont entraîner un état de souffrance chronique comme l’état de stress post-traumatique, et il n’est pas possible de prédire l’évolution a priori. En cas d’événement traumatique unique, ce sont 10 à 40% des personnes exposées qui développent des troubles chroniques.
Certains facteurs augmentent le risque de survenue de troubles chroniques, qu’il s’agisse de facteurs liés à l’événement (intensité et durée de l’exposition, captivité, blessure physique, confrontation à des images horribles…) ou bien liés à la personne (antécédents de troubles psychiatriques, antécédents de confrontation à des traumatismes même s’ils ont été surmontés, isolement social…). Le soutien reçu dans la réalité (par l’entourage, la hiérarchie, l’Etat…) a un rôle protecteur.
Les personnes qui ont vécu un traumatisme psychique gardent une trace des événements dans leur psychisme, comme une cicatrice, laquelle est susceptible de se rouvrir plus tard dans la vie, par exemple sous l’effet d’un autre événement douloureux, ou d’un anniversaire. Dans ce cas, il n’est jamais trop tard pour demander de l’aide, et les soins restent efficaces.
Enfin, certaines personnes confrontées à de graves traumatismes, estiment à terme que leur expérience les a amené à des changements positifs dans leur vie, qu’ils ont acquis des qualités supplémentaires, ou osé des décisions positives (résilience, post-traumatic growth).

Référence : Lebigot F. Le traumatisme psychique. Bruxelles : ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles; 2006


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